L'Eglise du Concile

1- Le Concile et le Dogme

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Je m’étais demandé par quoi poursuivre -en attendant que revienne la motivation pour décrire en détail les dix-sept peuples de Loss- sur les articles sur le monde de Loss, quand m’a frappé une évidence : pour que devienne clairs certains faits sociaux et évolutifs de Loss, il me fallait aborder le gros bout qui pique : l’Eglise du Concile.

Donc ; acte ! Voici la première partie, qui en comptera cinq.

1- Le Concile et le Dogme

Le Concile est la religion dominant les cultures humaines de Loss. Crée et établie à la période du Long-Hiver, peu après la fin tragique des Guerres Divine (voir à ce sujet l’Histoire de Loss, parties 1 & 2), cette religion est fortement autoritaire, prosélyte, conquérante, sexiste et patriarcale. Mais au delà de son existence en elle-même, sa raison d’être semble tenir avant tout en un principe : éviter que ne puisse jamais recommencer ce qui a manqué détruire les lossyans ; l’usage des pouvoirs du Chant de Loss. C’est sur cette base, et en proposant une solution radicale, mais paradoxalement moins extrême que ce qui se passait au moment de son apparition, que le Concile a pris une telle importance qui lui a permit de se répandre et prospérer.

L’Eglise est née dans les années immédiates du Long-Hiver, en pleine crise sociétale quasi universelle, et durant les massacres de la Grande Purge. Et les premiers prêches d’Ortonus, le second Prophète du Concile au Dessus de Toutes Choses, eurent comme effet de faire rapidement cesser les chasses effrénés aux Chanteurs de Loss ou à tout ce qui pouvait y ressembler, même de loin, et y compris sans preuves, et à leur exécution sommaire et barbare.

Le Concile avait pour cela des Dogmes, dont le premier tient dans son nom complet : Le Concile des Êtres au dessus de Toutes choses, hommes, Esprits et Dieux. La mission d’Ortonus et des premiers Prophètes était de dévoiler au monde que les dieux et les esprits avaient faillis en laissant les démoniaques Chanteur de Loss asservir l’homme, plutôt que le servir.

Ainsi donc, l’Eglise du Concile déclara que ses Dogmes étaient au dessus de toutes les lois et de toutes les traditions. Que tous, hommes, esprits et dieux devaient s’y soumettre, et que ces codes devraient à jamais régenter la civilisation des Lossyans. La preuve de leur vérité ? D’une part six ans d’hiver et de catastrophes prouvaient que les dieux avaient abandonné les lossyans, d’autre part, Ortonus, puis tous les autres Prophètes avec lui, et après lui, restèrent intouchables. Les mystérieux, inconnus et invisibles Thanataires tuent toute personne qui tente de s’en prendre à un Prophète, et ces derniers peuvent ordonner qu’ils mettent à mort un homme condamné par le Concile, dans une exécution publique, un spectacle effrayant, et édifiant pour un peuple dans son immense majorité toujours superstitieux.

Le principe général du Concile est le suivant : les dieux et les esprits ne sont pas les créateurs de l’univers, mais leurs servants. Les créateurs sont les entités, jamais nommées ni représentées, régnant au delà des étoiles, et semant la vie, qu’elles confient aux esprits et aux divinités, dont le travail consiste à régner sur les êtres qui leur sont confiés.

Il y a donc selon le Concile une infinité de mondes, et d’êtres vivants, d’esprits et de dieux qui les gouvernent, et au dessus de cela, silencieux et invisibles, les entités du Concile observent, et n’interviennent en dernier recours que quand leurs serviteurs ont échoué à leur tâche : protéger la vie, l’intelligence, la civilisation, et les faire prospérer. L’Eglise du Concile admets donc totalement l’existence d’autres vies intelligentes et d’autres civilisations, et admet tout aussi bien que nombre de ces créatures ne connaissent pas le Concile et ses entités. Les Lossyans, suite à l’échec des puissances qui veillaient sur eux, sont donc privilégiés et bénis, placés un rang au dessus de toutes les créatures intelligences de tous les autres mondes : ils connaissent le Concile ; et les Prophètes de l’Eglise parlent en son nom et sont protégés par ses envoyés directs, les Thanataires.

Ce qui signifie aussi que pour l’Eglise du Concile, tout être intelligent, quel qu’il soit, non Concilien, reste un individu inférieur. C’est en cela que le mot barbare est employé dans tous les peuples lossyans ayant embrassé la foi du Concile. Un barbare est un être qui ignore les dogmes et les principes du Concile, et de son existence. Même cultivé, instruit, intelligent, il est de moindre valeur et il est parfaitement permis de le chasser, ne pas tenir sa parole envers lui, ne pas respecter les coutumes de l’hospitalité, voir de l’asservir, sans que personne n’y voit rien à redire.

Voici les Dogmes de l’Eglise du Concile, tels qu’ils sont actuellement en vigueur. Ils ont plusieurs fois été remaniés et corrigés, et certains ne sont que peu respectés, mais c’est cependant sur ces Lois immuables qu’est bâtie l’ensemble de l’Eglise. Tout lossyan Concilien connait ces Dogmes par cœur.

1- Aucun Dieu, ni Homme, ni Esprit ne peut se placer devant le Concile : En clair, le Concile se place au dessus de toute forme de religion et de croyance, ou de superstition. L’Eglise du Concile interdit tout exercice religieux public, ou construction de centres religieux pour les divinités locales. Les temples sont annexés ou détruits, les autels publics déclarés hérétiques. Il est permis de prier et vénérer en privé dieux et esprits, mais leurs ecclésiastiques et représentants « officiels » sont pourchassés pour Apostasie (et les pauvres accusés ont de la chance s’ils sont seulement asservis), ou forcés à se désavouer publiquement et devenir membres de l’Eglise.

2- Aucune autorité émanant des Hommes ne peut se placer au dessus des Prophètes de l’Eglise : ce qui revient à dire que la plus haute autorité Lossyanne selon l’Eglise est celle des Ordinatorii et de leurs officiers, prêtres, et Prophètes. Ceux-ci sont donc sensée ne devoir obéissance à aucune autorité sur Loss, hors de l’Eglise, et ne répondre que d’eux-mêmes et de leurs supérieurs.

3- Le Chant de Loss doit servir l’homme, pas l’asservir : C’est sur ce Dogme qu’est basé le principe qui veut que soit on asservit un Chanteur de Loss, soit on le détruit. Une fois asservi, conditionné et soumis, le Chanteur de Loss sert l’homme, et ne peut plus le menacer. Il faut bien considérer que pour l’Eglise, les Chanteurs de Loss sont des incarnations démoniaques, des enfants du Mal. Ils ne sont pas responsables de l’être, mais doivent être contrôlés, par tous les moyens.

Par extension, toute femme rousse est asservie. Pas forcément les hommes, d’ailleurs ; bien qu’il ne fasse guère bon être roux sur Loss, sauf chez les Dragensmanns. Et quand un individu Chanteur de Loss s’Eveille, il est courant que soient asservis ses sœurs, et ses enfants femmes, en vertu du principe que c’est chez les femmes que le Chant de Loss s’éveille le plus souvent, et le plus puissamment. C’est ce Dogme qui a arrêté les massacres aux allures de génocides de la Grande Purge. C’est aussi lui qui a donné naissance au Haut-Art, l’art de l’esclavagisme le plus raffiné des lossyans.

4– Aucun pouvoir ne peut mettre en péril la protection du Concile : dit comme cela c’est assez flou, mais en fait, cette loi englobe trois choses, détaillées dans le Dogme : elle précise clairement que toute innovation ou avancée technologique ou scientifique doit être approuvée par l’Eglise. Les Ordinatorii sont donc très vigilants à toute recherche scientifique ou avancée technologique. Si celle-ci n’est pas considérée comme conforme au Dogme, elle sera déclarée hérétique. Et ses inventeurs ont du mouron à se faire. L’Eglise du Concile se réserve ainsi aussi un monopole sur les plus intéressantes innovations.

La seconde chose, c’est que ce que l’on surnomme les Anciens, et leurs artefacts, qui ont entre autres apportés aux Lossyans, grâce à leur étude, la compréhension des moteurs à lévitation, et des dynamos, est un pouvoir dangereux. En faire le trafic, la vente, l’usage, l’étude sans le contrôle d’Ordinatorii, est considéré comme hérétique. Là encore, ces artefacts, certains étant très puissants, autant que dangereux, sont donc monopolisés par l’Eglise.

La troisième chose est que toute puissance géopolitique qui prend trop d’ampleur sur Loss sera considérée comme en mettant en péril l’Eglise. En gros, le Concile permet aux Ordinatorii de déclarer hérétique tout état jugé potentiellement « menaçant » parce qu’il prend trop d’ampleur.

5- La parole des Ordinatorii est la Loi du Concile : Ce qui revient à dire qu’on ne peut remettre en question la parole d’un Ordinatori. Qu’il soit simple garde, ou haut-prêtre d’un temple régional, la parole d’un Ordinatori fait en théorie force de loi. En gros, si celui-ci déclare qu’untel est hérétique, il n’a en pratique pas besoin de fournir des preuves, sa parole en est une. C’est l’un des Dogmes les moins respectés et les plus souvent mis à défaut, même si personne n’a envie de contrarier volontairement un Ordinatori pour voir si celui-ci pourra et parviendra à faire appel à ce Dogme.

6- Aucune femme ne peut porter la foi de l’Eglise du Concile : les femmes Ordinatorii existent, souvent dans les ordres militaires, et les Légions. Mais aucune ne peut officier dans un temple, ni être autorisé à devenir prêtresse. Il leur est interdit de se marier, et d’avoir des enfants, sauf quelques cas d’adoption, tolérés. Il leur aussi interdit de montrer leur visage en publique, ni d’exposer leur corps. La place des femmes dans l’Eglise est cependant en grande majorité subalterne, et parfois franchement révoltante, d’autant que les prêtres de l’Eglise n’ont aucunes restrictions quand à la possession et l’usage d’esclaves de compagnie et domestiques. Je cite plus bas quelques-unes des lois concernant les femmes vis à vis de l’Eglise du Concile, au sujet de leur traitement par les Ordinatorii, et leurs fidèles les plus dévots.

7- Tout homme refusant la Loi du Concile est Apostat : en gros, tout lossyan qui renie la foi de l’Eglise est un hérétique. Les apostats sont bien sûr condamnés à mort. Donc, si une ville résiste à une croisade d’Ordinatorii, tout homme considéré comme ayant résisté est apostat, donc couic. Les femmes d’une telle cité sont toutes asservies sans exception, et les enfants en bas âge recrutés et élevés dans les orphelinats du Concile pour devenir des ordinatorii.

8- L’Eglise seule peut éviter la répétition du Long Hiver : sans compter que cela est une des pires craintes superstitieuses Lossyans, que cela recommence, l’Eglise grâce à ce dogme se déclare seule à décider de ce qui peut être révélé de l’histoire de Loss avant cet événement. Les Guerres Divines ont été réécrites ; Orchys de Parcia est universellement considérée comme un démon qui a voulu détruire les hommes, et les femmes rousses portent donc toute sa marque maudite. Le Chant de Loss est un pouvoir diabolique, et un danger mortel qui attirera de nouveau le châtiment du Long-Hiver. Et creuser le passé, retrouver les Archives des Guerres Divines, fouiller les ruines des Anciens, collectionner les artefacts, poser trop de questions, et bien sûr révéler les secrets et les savoir des Ordinatorii est une hérésie.

C’est à peu près tout pour les dogmes principaux, on peut rajouter nombre de bulles et de lois secondaires, la religion du Concile étant finalement particulièrement enrichie par ce que les lossyans en ont fait. On peut citer les codes plus connus concernant leurs rapports aux femmes :

Aucune femme n’est autorisé à servir à manger ou à boire à un Ordinatori : dans la mesure où elle devrait se mettre à genoux pour le faire, ce qui est une posture de service d’esclave, et qu’un Ordinatori refusera qu’une femme le serve comme tout un chacun. Dans le même ordre d’idée, un Ordinatori refuse de partager son repas en même temps, ou à la même table, qu’une femme. Celle-ci devra manger à part, ou après lui. Cela donne déjà un aperçu des rapports de l’autorité de l’Eglise sur les femmes, mais le plus important reste une dernière loi coutumière : toute femme prise en fait de prostitution, ou de mendicité, peut être asservie par un Ordinatori si elle ne peut, dans le jour à suivre, faire payer l’amende localement prévue par la loi, par sa famille, ou un protecteur. Ce qui, bien sûr, pour ce genre de cas, n’a quasi aucunes chances d’arriver. Plus important, et grave : toute femme portant la main sur un Ordinatori, ou un serviteur des Ordinatorii, pour quelque raison que ce soit est immédiatement asservie, sans procès, amende, ou rançon. Tout esclave levant les yeux pour croiser le regard d’un Ordinatori risque, au mieux, des coups de fouet ; au pire, peut se faire tuer sur place sans là aussi aucune explication, ni conséquences légales. Et à Anqimenès et dans toute l’Hégémonie, il est interdit à toute femme non Ordinatori de lire un livre, sans la présence d’un membre de l’Eglise. Et la liste n’est pas complète, et ici ne concerne que le sujet des lois les plus courantes concernant les femmes vis à vis de l’Eglise. Je reviendrais plus tard sur tous les codes et lois coutumières de l’Eglise.

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3 réflexions sur “1- Le Concile et le Dogme

  • editionsstellamaris

    Particulièrement sympathique, dis-moi ! Bises, Axelle !

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    • Ha c’est pas des gens sympas, non, et cela explique bien des choses sur certains travers de la mentalité lossyanne selon les endroits.

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