Nous vous avons donc parlé du principe des trois vertus qui guident les codes de conduites et la philosophie de la plupart des Lossyans : la Terre pour l’Honneur, le Feu pour le Courage, et l’Eau pour la Sagesse.

Mais comme tout le monde le sait, il y a aussi l’Air. Qui ne se voit pas, mais existe bien. Selon les cultures dans l’histoire de notre monde, l’air n’est pas toujours un élément. Par exemple en Chine, il y a 5 éléments, et pas d’air dans la liste. Mais à l’origine ce concept, d’origine Grecque dans notre monde, était celui de l’une des premières civilisations lossyane, les ancêtres des Eteocliens, d’origine hellène.

Avant le Long-Hiver, il y avait donc quatre éléments, et quatre Vertus.

Et la quatrième, perdue désormais, était l’Air : la Foi.

Histoire de la Vertu Perdue :

Vers 250 avant l’Age du Concile (-250 AC), les Chanteurs de Loss prennent une importance de plus en plus capitale dans la société lossyane qui, depuis plusieurs siècles, a appris à survivre et prospérer sur un monde qui était étranger à l’espèce humaine.

Et pour tout dire cette importance faisait clairement d’eux des envoyés divins, des demi-dieux prouvant à ces anciennes civilisations la réalité de leur panthéon, et de leur foi. Après tout, n’y avait-il pas sur Loss des êtres capables de miracles et dotés de pouvoirs qui ne pouvaient être attribués qu’à une origine céleste ?

La Foi était donc d’autant plus forte qu’elle était portée par ces faiseurs de miracles, et dirigée aussi bien vers les Chanteurs de Loss, que vers les anciens panthéons. C’était l’époque de Zeus et d’Artémis, d’Odin et de Thor, de Cernunnos et de la Déesse-Mère, du Dieu du Ciel et de l’Empereur de Rubis, et de nombreuses autres divinités.

Et vinrent les Guerres Divines. L’ascension d’Orchys de Parcia, et les terribles exactions dont étaient capables les Chanteurs de Loss, puis la destruction d’Antiva sous un cataclysme, et enfin, le Long-Hiver.

Les envoyés des dieux, les Chanteurs de Loss, venaient de détruire leur propre monde.

Quand les premiers prophètes de l’Eglise du Concile Divin apparurent quelques années plus tard, et commencèrent à rassembler des fidèles et répandre les Dogmes du Concile, les lossyans étaient encore sous le choc, et leurs anciennes religions vacillaient, quand elles n’avaient pas été tout bonnement sabordées par la catastrophe.

Il y avait toujours quatre Vertus et quatre éléments alors. Mais l’Air représentait la Foi, et un des dogmes, absolus, de l’Eglise, est celui-ci :

« Aucun Dieu, ni Homme, ni Esprit ne peut se placer devant le Concile »

Les ordinatorii entreprirent alors de détruire, effacer, ou assimiler tout ce qui avait pu subsister des anciennes religions, en réécrivant au passage l’Histoire, les mythes, et tous les récits se référant au passé d’avant le Long-Hiver.

Et ils oblitérèrent totalement toute référence à la Vertu de l’Air. Il ne pouvait y avoir qu’une seule foi. Celle en l’Eglise et ses Dogmes. En un peu plus d’un siècle, l’Air fut perdu.

Pour les lossyans, il n’y a désormais que trois éléments, car l’air ne compte pas, puisqu’il ne se voit pas ; il est un peu comme le vide, le néant, quelque chose sans masse qui n’a pas d’effets sur le monde réel. Quand à la foi, il n’y a que celle en l’Eglise du Concile, et des superstitions et vieilles coutumes et folklores qui se réfèrent à des cultes, des dieux et des esprits dont la plupart des gens ne savent quasi rien.

L’Air, la Foi :

L’air est l’immatériel, le règne de l’intangible. Il ne se voit pas, mais se ressent. Il ne peut être touché, mais il touche tous les êtres. Il se répand partout, invisible mais présent autour de toutes choses. Il est la Foi : la Foi est le concept même de confiance en ce qui n’a pas d’existence vérifiable par les sens, l’expérience, ou la preuve matérielle. Pour les lossyans, cette notion leur paraitrait un concept lié à l’Honneur. Il est honorable de faire confiance, et de donner sa confiance, et il est d’autant plus honorable de respecter et faire confiance en l’Eglise. Mais pour qui connait la Foi, cela dépasse tout honneur et tout respect ; l’Air est la confiance absolue et aveugle. Elle est le sacrifice, et la dévotion et finalement, elle touche du doigt aux essences mêmes de la spiritualité et du don de soi. Elle est en quelque sorte l’Amour.

C’est une Vertu incompréhensible pour la plupart des lossyans. Si le sacrifice pour l’Honneur et par Courage leur est accessible, si l’affection et l’amour par la Sagesse leur parait parfaitement logique, l’idée que la confiance, le sacrifice, l’amour, puisse atteindre la dévotion et le don absolu de soit leur est simplement étrangère. Et c’est carrément hérétique si cette Foi va dans à des concepts ou des divinités immatériels. Il n’y a de foi que dans l’Eglise pour la plupart des lossyans ; mais cependant, pour certains peuples, comme les dragensmanns, les erebs ou les san’eshe, le concept ne les surprendrait pas. C’est même pour eux logique de la part de leurs prêtres, chamans, et ascètes les plus dévoués.

Voici quelques-uns des principes généraux de la Foi :

 

L’Air, L’entité du Chant de Loss :

Comme la Terre est l’Honneur et la Voix (le social), le Feu est le Courage et le Corps (le physique), et l’Eau est la Sagesse et l’Esprit (le mental), l’Air est associé à la Foi, et au dernier composant du monde : le Chant de Loss.

Et oui, pour les Anciens, avant l’avènement du Concile, le Chant de Loss, désormais considéré comme l’expression d’un pouvoir démoniaque et visant à asservir l’Homme, était un des éléments constitutif du réel, et de chaque être. Il est évident que c’est désormais une idée simplement impensable, et une hérésie absolument ultime pour l’Eglise.

Que pouvait représenter le Chant de Loss comme constituant du réel ? Pratiquement aucun lossyan ne pourrait le dire désormais, mais il semble que l’idée était qu’il représentait l’énergie ; ce qui anime toute chose, et le détruit, mais qui ne peut jamais être vu directement, et que partagent toutes choses, puisque sans ce souffle d’énergie, il n’y a l’entropie, et la néant. C’était sans doute vu alors comme le lien réunissant tout ce qui existe dans un ensemble où court cette énergie. Le Chant de Loss serait alors selon cette philosophie l’expression matérielle de ce pouvoir, incarnation de l’étincelle divine et spirituelle qui donne par son énergie mouvement à existence à toute chose.

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