Le Haut-ArtLoss

L’esclavagisme et le Haut-Art

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            Point culturel important, et d’autant plus qu’on le retrouve dans pratiquement toutes les sociétés et cultures de Loss, à l’exception des San’eshe, l’esclavagisme sur Loss est un sujet assez vaste et assez complexe pour nous, humains occidentaux du 21e siècle.

            Et avant de poursuivre, je tiens à rappeler que je suis de manière assez évidente mais il vaut mieux le souligner, tout à fait contre toute forme d’asservissement et d’exploitation de l’homme en tant que marchandise ou objet. Mais on oublie souvent que dans notre monde, l’idée que l’on ne peut disposer d’êtres humains comme de propriétés et marchandise est un concept récent et que la fin de l’esclavagisme en Occident n’a eu lieu que pendant le cours du 19e siècle, et non sans mal. Et dans les faits, même en France, les derniers esclaves furent libérés en 1963, aux iles Maurices ; malgré le fait que l’esclavage y fut aboli depuis 1835. Sans oublier enfin que l’actualité nous rappelle que cette notion, qui nous parait presque naturelle, ne l’est et de loin pas partout sur Terre de nos jours.

            Ceci étant dit, rappelons-nous que rien ne peut justifier ce traitement humain indigne. Et sur Loss, il n’est guère différent de ce qu’il fut sur Terre, à l’époque Romaine.

1- La position des lossyans sur l’esclavagisme

            Pour les lossyans, l’idée de posséder un être humain n’est absolument pas choquante, sauf pour les San’eshe pour qui c’est proprement absurde et impensable ; nous reviendrons sur leur cas particulier. Les lossyans ne considèrent pas la notion d’humanité comme un droit inaliénable de naissance, mais un statut qui se gagne, se mérite et donc peut être perdu ou retiré.

            Le fait est que la plus grande partie des lossyans partagent des valeurs, les Vertus, qui de leur point de vue les différencie des animaux : l’honneur, le courage et la sagesse. L’idée que certains individus soient dépourvus de l’une de ces vertus ne surprend pas un lossyan mais à ses yeux, cela signifie que celui-ci n’est alors plus humain. Au mieux c’est un barbare, au pire une bête stupide et indigne de confiance et de considération.

            Or, l’une de ces trois vertus, l’honneur, est bâtie sur tous les codes sociaux des lossyans, qui bien sûr changent selon les peuples. L’honneur (et la culture et la langue) d’un dragensmann n’est pas réellement comparable à celui d’un Imareth. Ce dernier ne reconnaitra donc que difficilement qu’un de ces barbares du nord, pillards et braillard, ait de l’honneur. Dès lors, il lui est assez aisé de décider qu’un dragensmann n’est donc pas « humain » et qu’on peut l’asservir puisqu’on ne fait que prendre possession d’une bête.

            Évidemment le dragensmann de l’exemple, s’il se défend, et il le fera bien entendu, sera quelque peu ardu à asservir. Et rappelons qu’il y a trois vertus. À défaut de reconnaitre son honneur, on peut vite reconnaitre son courage. Et en général, on n’asservit pas un homme (ou une femme) faisant preuve de grand courage si on a de l’honneur. Encore faut-il avoir la sagesse de le reconnaitre.

            C’est vis-à-vis de ces principes, de ces vertus, de ces corrélations culturelles, que les lossyans jugent qui est humain et qui ne l’est pas. Mais une fois une personne asservie, elle n’a plus d’honneur. Elle est de facto, si on en doutait encore, un animal, une propriété. Parce que tout simplement, un esclave n’a plus ni le droit ni les moyens de défendre son honneur ou de le faire défendre par sa famille. Même agissant honorablement, l’esclave ne fait ici que refléter et représenter l’honneur de son maitre. Lui n’en a pas, sauf si un exploit fait qu’on est forcé de le reconnaitre (voir ci-dessus pour la bonne foi).

            Et sans honneur, un être humain n’en est donc plus un. C’est ce point qui effraie tant les lossyans craignant l’asservissement, d’ailleurs. Il leur est alors tout retiré : propriétés, possessions, droits, nom, dignité et même leur humanité. Et beaucoup feront tout pour échapper à ce sort, certains préféreront mourir que d’être asservis.

            Cependant, et malgré le fait que tout lossyan peut craindre l’esclavage, il existe et il est plutôt répandu. C’est une force de travail utile, souvent nécessaire et qui est considéré comme un produit comme un autre, mais aussi un bien, un luxe, un plaisir et pour résumer, posséder des esclaves ou souhaiter en posséder est tout à fait normal, tout comme en exploiter pour ses besoins et ses affaires ou en faire commerce.

2- Les esclaves

            L’esclavage ne représente pas une source de revenus par l’exploitation d’un grand nombre d’entre eux dans des plantations ou des ateliers. Pas d’équivalent de traite négrière sur Loss et sauf à Armanth et quelques autres villes, nulle part de forte concentration de communauté d’esclaves dans un périmètre limité. Il existe bien des chantiers, mines et carrières où des hommes sont condamnés à des travaux forcés et exploités dans des conditions si rudes qu’ils ne vivent guère plus de quelques années ; mais justement, ce ne sont pas vraiment des esclaves selon les lossyans, mais en majorité des criminels condamnés et des prisonniers de guerre. Personne n’aurait envie de partager leur sort, mais il est rare qu’un homme asservi soit envoyé aux mines. Où alors il a commis une grosse erreur impardonnable, à moins d’être tombé sur un propriétaire sans scrupules ni aucune pitié.

            Il n’y a guère qu’au maximum 5% de la population d’une cité-état qui soit asservie. Et plus on va vers de petites communautés et villes, plus ce pourcentage se réduit.

            Les deux seules exceptions sont Anqimenès et Armanth. Anqimenès compte en général un esclave pour huit à dix habitants. Armanth compte un esclave pour dix habitants environ, principalement pour son Marché aux Cages, le commerce d’esclave étant une de ses grandes sources de revenus. Lors des grands marchés, Armanth peut parfois se retrouver avec presque 250 000 esclaves, dont 50 000 environ en vente et en transit dans ses murs.

            Les chiffres sont assez impressionnants, mais pour information, il y a eu des époques où dans l’Italie de la Rome antique, il y avait jusqu’à 2 à 3 millions d’esclaves, c’est-à-dire un tiers de la population. Même l’ensemble de l’Hégémonie d’Anqimenès n’en abrite de loin pas autant.

            La plupart des esclaves domestiques sont des femmes. Les lossyans, hommes et femmes, préfèrent les esclaves féminins, pour des questions de contrôle et de gestion, aussi bien que de plaisir, mais aussi d’honneur. Ils n’exploitent donc pas en général les esclaves femmes pour des travaux de force. Une esclave de leur point de vue est une servante, une domestique, un animal familier, et bien sûr une compagnie de distractions et de plaisirs sexuels. On ne les emploie pas aux champs, et assez peu dans des ateliers et industries. Il faut véritablement considérer que les esclaves sont des compagnies et propriétés domestiques, et que pour un lossyan, il n’y a guère de différence entre posséder un chat ou un chien, et un esclave. Sauf que ce dernier a des qualités supplémentaires indéniables et qu’il lui est possible de temps en temps de regagner sa liberté.

            Un homme asservi est le plus souvent un forçat qui est soit un ennemi capturé, soit un criminel sans honneur et donc sans parole. Et les lossyans ne sont guère tendres avec eux. Ceux-ci connaissent un sort franchement déplorable.

            Les lossyans ont du respect pour leurs esclaves femmes. Si elles ne sont plus considérées que comme des animaux de compagnie, des servantes corvéables, voire des distractions sexuelles, elles sont souvent chéries et plutôt bien traitées, même si leur sort peut parfois être franchement glauque, comme les houris de bordels. Les hommes eux sont traités comme une force de travail sacrifiable sans beaucoup de scrupules, dont la vie n’a aucune sorte de valeur. Ils sont envoyés sur les chantiers et aux mines, mal nourris, maltraités sans vergogne, et leur vie est en général courte et misérable. Les seuls à s’en sortir un peu mieux sont les gladiateurs, plutôt considérés et quelque peu respectés, qui ont une petite chance un jour de gagner leur affranchissement s’ils parviennent à briller dans l’arène et rester en vie assez longtemps pour cela.

            Le statut légal de l’esclave est à mi-chemin entre un humain, et un animal. Aucun lossyan ne niera vraiment qu’un esclave est un être humain : il lui niera d’en avoir les droits, car il ne peut prétendre en avoir ni les devoirs ni les moyens de prouver ces droits. C’est ce que j’explique plus haut concernant les vertus ; l’humanité ne se définit pas comme une nature pour les lossyans, mais comme la somme de vertus dont on peut être démuni ou privé.

            Un esclave est une propriété, et un bien mobilier. Il ne possède techniquement plus rien, bien qu’il puisse se voir offrir possessions et privilèges par son maitre. Il ne dispose plus de son nom, que son propriétaire peut modifier à sa guise, ni de son intégrité physique. Celui-ci est parfaitement en droit d’user et abuser de sa propriété à sa convenance, y compris de la vendre, la prêter, la donner, la soumettre aux sévices et châtiments qu’il voudra, ou encore lui ôter la vie.

            Cependant, plus que des droits, les esclaves sont protégés par des conventions coutumières : il est considéré comme fortement déshonorant de maltraiter ou affamer son esclave, de négliger sa santé et son bien-être, ou encore de le mutiler ou le tuer gratuitement. Un esclave est un bien, une représentation de l’honneur de son propriétaire et un investissement qui n’est pas anodin. Il est fréquent qu’un esclave soit affranchi à la mort de son propriétaire, tout comme il est courant qu’un esclave ayant accompli un fait remarquable et exceptionnel se voit rendre sa liberté, voire même être adopté par la famille de son propriétaire. Ainsi donc, celui qui traite de manière cruelle et injuste son esclave, non seulement risque de provoquer une rébellion, et des drames, mais entache son honneur et sa réputation.

            Si toute rébellion ou fuite d’esclave est châtiée durement, le propriétaire peut lui aussi être condamné à de lourdes amendes, voire à des peines plus lourdes encore, selon les cités-états et les lois. Un propriétaire d’esclaves est responsable de ce que commettent les esclaves : une fuite, une rébellion, des dégâts provoqués par l’esclave sont donc de sa responsabilité.

            Les lossyans sont donc en général plutôt bienveillants avec leurs esclaves, et en prennent soin. Mais il ne faut pas le prendre comme un fait constant : les sadiques, les bourreaux et les salopards existent comme partout. Il y a des esclaves maltraités, et certains meurent des sévices qu’ils subissent , tandis que d’autres mettent fin à leur jour. Légalement, rien ne peut être attenté contre un homme qui maltraite un esclave, sauf par sa propre famille éventuellement, en portant plainte pour dégradation d’une possession familiale. Mais cela arrive très rarement.

            Le plus souvent, quand un propriétaire a un souci avec son esclave, ou souhaite s’en débarrasser, il se contente cependant de le revendre. La vente et le commerce d’esclave sont notoirement encadrés, soit par l’Église, soit par les confréries de la Guilde des Marchands, aussi bien dans les conditions de vente que les prix et les contrats de cession.

            Une esclave peut enfanter, et selon les cas et la décision de son propriétaire, son enfant sera décidé esclave à sa puberté, ou affranchi dès sa naissance et adopté par la famille.

Il est à noter qu’affranchir une esclave n’est pas si rare. Souvent ce sera pour l’épouser ou l’offrir en mariage, mais aussi pour l’adopter dans la famille, la récompenser d’un acte exceptionnel ou d’une grande bravoure.

            On peut distinguer plusieurs types d’esclaves, en fonction de leur usage, mais aussi de leur dressage. Nous reviendrons sur le détail du dressage dans le chapitre suivant :

            — Les esclaves domestiques : ce sont les serviteurs de maisonnée, chargés des tâches d’entretien domestiques. Ils vivent et dorment dans la maison du maitre, et s’occupent de toutes les corvées. Selon la taille du domaine et la richesse de la famille, ils seront spécialisés, comme les cuisiniers, par exemple. Leur travail peut être rude, les journées longues et harassantes, mais il est communément admis qu’ils ont tous droit à une journée de repos régulière, le plus souvent une fois par semaine, où seul un minimum de corvées leur sera demandé, en échange du privilège de pouvoir profiter d’un peu de temps libre et de la permission de quitter le domaine pour la journée.

            — Les esclaves de compagnie : assignés à une personne en général, mais pas forcément, ce sont le plus souvent les esclaves les mieux traités. Leur tâche est comme leur nom l’indique de tenir compagnie à leur maitre, et de le servir en particulier. Les corvées dont ils doivent s’acquitter sont assez réduites, la principale étant le service et quelques tâches ménagères, comme laver le linge de leur propriétaire. Ils sont souvent formés à des arts musicaux et lyriques, ou simplement, sont considérés agréables de compagnie et de discussion. Ce sont les esclaves qui suivent leur propriétaire partout, et il est là aussi fréquent qu’ils aient de réguliers moments de loisir quand celui-ci est occupé et n’a pas besoin ou désir de leur présence. Certains peuvent être des nourrices ou des gouvernants pour les enfants de leur maitre, d’autres des esclaves des plaisirs.

            — Les esclaves des plaisirs : le terme est assez large, mais ne regroupe pas les prostitués, qui sont un autre cas. Les esclaves des plaisirs sont toujours formés spécifiquement à cette destination, dans les Jardins des Esclaves des plus grands esclavagistes, et choisis sur des stricts et difficiles critères esthétiques et intellectuels, pour être des esclaves de compagnie aux talents accomplis, que ce soit dans les arts, les danses, la culture générale, les services du bain et des massages, ou encore les jeux sexuels. C’est parmi les esclaves des plaisirs que se trouvent bien sûr les esclaves les plus chers. L’immense majorité des esclaves des plaisirs sont des femmes, à part quelques rares cas d’artistes, musiciens et poètes, et quelques très rares cas d’esclaves mâles destinés au plaisir sexuel des femmes.

            — Les esclaves publiques : le terme est trompeur en apparence, car les esclaves publiques n’appartiennent pas à une communauté ou une ville. Ils sont la propriété d’une personne ou d’une confrérie/guilde, qui en use dans des auberges, maisons de bains, ou encore maisons de prostitution. Les houris, esclaves prostituées, font partie des esclaves publiques, et sont assignées aux chambres ou aux alcôves où elles reçoivent les clients qui ont payé le tenancier des lieux pour leurs services sexuels. Les esclaves publiques n’ont guère un sort enviable. Si une esclave travaillant comme serveuse dans une auberge est assez bien traitée, les esclaves de maison de bain et les houris des bordels sont utilisés et exploitées pour maximiser les revenus de leur propriétaire. Celui-ci veille bien entendu à leur santé et leur sécurité, car il en aurait sinon de sa poche et pourrait, en cas de plainte de clients ou d’accidents, à devoir en répondre devant la loi, ou les personnes lésées. Mais la carrière d’un esclave publique peut parfois être courte et épuisante, et parfois finit mal.

            — Les esclaves de travail : indifféremment hommes et femmes, et en fait relativement peu courant, les esclaves de travail sont les auxiliaires des ouvriers et des patrons des ateliers et manufactures. On en voit assez peu et leur tâche est similaire à celle des ouvriers, mais consiste aussi à servir et faciliter la vie des employés d’un atelier pour que ceux-ci se consacrent entièrement à leur boulot. Comme le plus souvent, ce genre de rôle est pris par des apprentis ou les enfants des ouvriers, il s’avère que les esclaves de travail ne sont pas forcément utiles et guère répandus que dans les plus grands centres industriels, comme les chantiers navals d’Armanth, ou les manufactures de soie de Cymiad.

            Quelques généralités sur les contraintes et interdits des esclaves. Ces points varient largement en sévérité et en dureté selon les régions, donc ils ne sont portés ici qu’à titre général :

            Il n’est pas si exceptionnel de voir un esclave armé, mais cela sera toujours vu d’un mauvais œil. Cependant, en cas de risque et en période de guerre, on met à disposition des esclaves des maisonnées des armes pour défendre leur vie, mais surtout celle de leurs propriétaires. Hors de ces cas, il est fréquent que les lois locales interdisent que les esclaves portent même la main à toute arme, sauf sur ordre exprès de leur maitre et en sa présence.

            Les deux pires crimes que peut commettre un esclave sont la tentative de rébellion et l’agression d’une personne libre. Dans les deux cas, c’est pratiquement systématiquement la mort ; mais il est possible que selon le degré de gravité du crime, et la décision du propriétaire, il lui soit accordé une grâce : la sentence se transformera alors en châtiment public, au fouet le plus souvent. Et le propriétaire devra éventuellement s’acquitter de dédommagements.

            La fuite est un autre crime grave châtié avec cruauté. Il est quasi impossible pour un esclave qui porte un linci d’espérer réussir à échapper aux chiens qui sauront traquer son odeur. Mais dans tous les cas, malheur à l’esclave qui est rattrapé. Il peut parfois espérer échapper à la mort ou à la mutilation une première fois, mais sera sévèrement et publiquement puni, en guise d’exemple. La seconde fois, il sera mis à mort lentement en public ou se verra trancher les tendons d’Achille et laissé à son sort, ce qui revient à une autre forme de lente agonie.

            Le vol est enfin le dernier crime qu’on ne pardonnera pas à un esclave. Y compris d’un quignon de pain parce qu’il meurt de faim. Si dans cet exemple, on reprochera lourdement au maitre sa négligence aux besoins et à la santé de son esclave, celui-ci sera durement et publiquement châtié pour servir d’exemple la première fois. En cas de récidive, il lui sera appliqué le même stigmate qu’aux voleurs en général : on lui fendra un lobe d’oreille, en plus du châtiment corporel. Et si jamais il recommence, il est certain qu’il risque bien d’être amputé d’une main et abandonné à son sort.

            Tout maitre s’attend à ce que son esclave obéisse de son mieux et exécute aveuglément les ordres qu’il lui donne. Une chose qui n’est pas admise est la désobéissance de l’esclave, surtout devant des témoins. C’est un bon moyen pour un lossyan de risquer de perdre la face, et dans ce cas, il n’hésitera pas à punir d’autant plus sévèrement que l’affront a été marquant. De la même manière, il est impensable qu’un esclave mente, triche, ou dissimule quoi que ce soit. Ceux-ci ne se gênent parfois pas pour le faire, mais le châtiment est rude pour qui se faire prendre. Selon les maitres, ce point est même attendu au plus haut degré, ceux-ci exigeant alors que leur esclave ne leur dissimule rien, y compris leurs pensées et désirs les plus intimes, avec une interdiction complète de tenter de voiler ou cacher quoi que ce soit.

            On ne reconnait pas la filiation et la famille d’un esclave : une fois qu’il est devenu esclave, ses liens familiaux sont considérés nuls et non avenus, y compris pour une esclave qui a des enfants. Selon les cas, on est en droit de les lui retirer, soit pour les adopter, soit pour les élever en esclaves à leur tour. Les liens fraternels ne sont pas plus respectés que le reste. Séparer des frères, des sœurs ou même des jumeaux ne posent guère de dilemme aux lossyans, en tout cas pas réellement plus que s’ils devaient séparer les chiots d’une même portée.

            Enfin, on attend de tous les esclaves respect, déférence et humilité envers leur propriétaire et toutes les personnes libres en général. L’injure ou la provocation, le dédain, ou le mépris d’un esclave pour une personne libre n’est jamais toléré. Et l’individu lésé peut très bien ne pas attendre d’aller demander des comptes au propriétaire, et battre l’esclave frondeur lui-même, qui, par la suite, risque bien d’en reprendre une couche quand son maitre l’apprendra.

3- Le Haut-Art

            C’est par ce nom que la plupart des lossyans désignent le dressage des esclaves. Pour eux, c’est un art, non seulement codifié, mais qui plus est qui revêt une dimension sacrée. À l’origine, le Haut-Art a été conçu et perfectionné par l’Eglise pour parvenir à mettre sous un joug psychologique complet les esclaves Chanteuses de Loss, seule alternative selon les Dogmes du Concile, à leur destruction pure et simple.

            Le Haut-Art est donc un ensemble de techniques et de méthodologies de dressage et de conditionnement d’un être humain, pour lui faire perdre toute capacité réelle à l’autonomie et détruire en lui toute capacité de rébellion. Et dit comme cela, c’est assez effrayant, ce qui est bel et bien le cas. Il y a un bon millénaire au moins que ces techniques sont peaufinés et mises au point, chaque génération d’esclavagistes les a testées, les a perfectionnées, les a enrichis. Le savoir a fait l’objet de livres et d’ouvrages de références, de manuels et de codes, jusqu’à devenir une institution et désormais, il est un fait avéré que très peu de gens peuvent résister au Haut-Art employé convenablement par un homme qui s’y connait. Il ne faut qu’une poignée de semaine pour briser n’importe quel individu, et à peine trois à quatre mois pour s’assurer que le conditionnement l’aura rendu incapable de survivre sans le joug d’un maitre ou d’avoir des velléités de recouvrer sa liberté.

            Le Haut-Art n’est cependant que très rarement employé sur les hommes. Il a d’abord été conçu dans l’esprit des Ordinatorii et des premiers prophètes de l’Église comme un outil efficace pour museler et asservir les Chanteuses de Loss. Les Chanteurs de Loss, eux, étaient systématiquement traqués et exterminés. Dans la mesure où l’Église et ses Dogmes font montre d’un sexisme évident, puisque fonctionnant sur un patriarcat tout-puissant, l’idée que le Haut-Art est destiné à asservir des femmes s’est perpétuée. Et rares sont les esclavagistes qui savent l’adapter à des hommes, bien qu’une partie des techniques de ce dressage restent fonctionnelles, quel que soit le genre, la culture ou la personnalité de la victime.

            La technique de ce dressage est comme je l’ai mentionné complexe. Non que les « recettes » soient réellement compliquées, mais le Haut-Art demande des qualités particulières, aussi bien en termes de psychologie, que d’entêtement, de sens de l’observation, de l’adaptation, de la résistance mentale, ainsi qu’une certaine imperméabilité à la pitié. C’est assez proche de ce que l’on pourrait attendre de certains dresseurs de chiens, d’ailleurs. Un esclavagiste qui sait le manier peut parfaitement être un homme compatissant et chaleureux, mais il n’a aucun droit de laisser parler sa pitié devant les suppliques et les souffrances des esclaves qu’il va dresser.

            Une esclave qui subit le Haut-Art se voit démunie de tout ce qui peut constituer l’identité et l’amour-propre de chaque individu. Elle est enfermé nue, privé de nourriture, d’intimité, de la moindre liberté de mouvement ou de parole, forcé à supplier et obéir aveuglement à des ordres très simples répétés encore et encore, pour pouvoir simplement boire, manger ou faire ses besoins. Avec patience et cruauté, elle est avilie jusqu’à ce qu’elle ne puisse espérer améliorer son sort qu’en acceptant sa situation et en coopérant totalement avec son tortionnaire qui poursuivra sa tâche jusqu’à obtenir sa pleine obéissance. Tout le principe est pour le dresseur de ne pas laisser l’esclave simuler cette obéissance, mais pousser sa victime à ses derniers retranchements pour briser toute résistance, toute volonté, toute once de capacité à la rébellion. Et une fois ceci obtenu, reconstruire l’esclave pour en faire un parfait animal dévoué à servir, qui ne remettra plus son sort en cause. Une fois le Haut-Art correctement appliqué, l’esclave peut alors être éduquée à tout savoir et connaitre de ce que l’on en attendra. Selon les cas, cette éducation sera sommaire et rapide, et le reste laissé à la responsabilité de l’acheteur, ou elle sera complète et poussée avec le même raffinement et la même cruauté de la perfection, que ce soit pour la musique, la danse, les arts corporels ou ceux des bains, du massage, des plaisirs sexuels, bref, tout ce qui pourrait augmenter la valeur du futur produit qui sera mis en vente en insistant sur cette formation et ces qualités. Une éducation parfaite et aussi poussée peut parfois prendre des années, bien que cela soit rare.

            Pour parvenir à ces résultats, tout est codifié et soigneusement planifié, y compris les punitions et châtiments corporels. La moindre erreur peut conduire à une catastrophe qui risque de finir en accident et en morts. Le plus ardu, et ce qui fait du Haut-Art une pratique que les lossyans respectent bel et bien comme un art complexe, consiste à détruire et reconstruire en ne laissant qu’un minimum de séquelles physiques et psychologiques, afin d’obtenir une esclave parfaite. Dans ce domaine, les violences sexuelles font partie des choses à éviter, autant que la torture et les sévices les plus destructeurs. Mais certaines punitions et enseignements s’en approchent cependant de près dans la cruauté.

            Le Haut-Art demande du temps, des moyens, du personnel, d’autres esclaves formés -les éducatrices- et un lieu isolé consacré à cette tâche. C’est donc un métier qui exige un investissement, et les Jardins des Esclaves où on le pratique coutent cher, et emploient beaucoup de monde. C’est pour cela qu’un esclave qui le subit vaut cher, et que cette pratique n’est pas si répandue et réservée le plus souvent à la formation des esclaves de compagnie, et des esclaves des plaisirs.

            Il faut compter en général trois mois pour dresser une esclave selon le Haut-Art, si on s’en tient à l’essentiel. Une éducation complète monterait à six mois, voire plus. Et en général, même le meilleur esclavagiste doit compter avec environ 5% de pertes et d’échecs. La pression psychologique et physique est intense, surtout les premières semaines, avec l’isolement de l’esclave, ses privations, les mauvais traitements pour le briser et environ une personne sur vingt, voire plus, ne le supportera pas et basculera dans la folie ou attentera à sa vie ou à celle des autres. Dans tous les cas, cela finit par la mise à mort de l’esclave, ce qui représente une perte sèche pour l’esclavagiste. Dès le début du dressage, celui-ci veille donc à bien observer ses captifs pour déceler les risques et les anticiper.

            Aucun esclave ne sort indemne de ce dressage. Une personne qui l’a subi en restera fragilisée psychologiquement, émotive, dépendante et très sensible à l’autorité et aux ordres. Selon les cas, cela créera un manque et un besoin si vif que la personne qui a vécu le Haut-Art ne pourra jamais vivre de manière indépendante et autonome. Elle cherchera toujours le joug et la protection d’un maitre, instinctivement. C’est pour cela que certains lossyans disent qu’il est stupide d’affranchir ces esclaves-là. Ce n’est pas véritablement un cadeau qu’on leur fait.

4- Le commerce des esclaves

            Dans tout le nord des Mers de la Séparation, les Jardins des Esclaves, les marchés et les maisons d’esclavagistes sont sous le contrôle de l’Église. C’est elle qui autorise les commerces et attribue les licences, c’est elle qui forme les esclavagistes au Haut-Art dans des académies spécialisées et qui valide et contrôle les cargaisons et convois de marchandise. L’esclavagisme représente une manne financière d’importance, et l’Hégémonie est une très grande importatrice d’esclaves. C’est même un des meilleurs clients des marchés d’Armanth.

            Mais plus on descend vers le Sud plus l’Église perd la mainmise sur ce marché lucratif. Et la Guilde des Marchands a dépassé celle-ci depuis plusieurs décennies en matière d’influence sur ce commerce. La Guilde des Marchands fixe désormais les prix, les conditions de vente et de transport, et la plupart des esclavagistes préfèrent aller se former à Armanth qui concentre les plus prestigieux Jardins des Esclaves de toutes les Mers de la Séparation.

            Ce qui étonne toujours, bien sûr, quand on sait qu’Armanth est sans doute la cité-état la plus progressiste et permissive en matière de droits et considérations des femmes de tout Loss. Mais le fait est qu’une bonne partie de la richesse de la Cité des Maitres-Marchand est due au commerce d’esclaves. Après tout, après le loss-métal, la richesse la plus convoitée est les femmes ; le commerce d’esclaves femelles est donc florissant.

            Les lossyans ne font pourtant que relativement peu de raids spécifiquement pour se procurer des esclaves et n’en font pas non plus vraiment d’élevage. Les principales sources d’approvisionnement sont en premier lieu la vente de filles par des familles trop pauvres pour pouvoir trouver une alternative ou souhaitant se débarrasser d’enfants non désirés, et en second lieu les captifs et otages issus des guerres et des campagnes militaires et pillages. Les pirates Terancha et de l’Imareth quant à eux n’hésitent guère à lancer des razzias au cours duquel, en plus de piller les biens de leur cible, ils font des prisonniers qui seront alors revendus entre autres dans l’Athémaïs. Enfin, certains peuples sont considérés comme des viviers potentiels de capture par des trafiquants d’esclaves, comme les dragensmanns et les San’eshe.

            Comme je l’ai mentionné plus haut, le pourcentage d’esclaves dans la population générale est relativement faible. De plus, leur emploi pour des travaux pénibles est assez rare et le commerce d’esclaves pour compenser un manque de main-d’œuvre n’existe guère hors des mines et carrières -surtout sur les gisements de loss-métal. C’est donc un produit de luxe souvent destiné à l’agrément et au prestige, ce qui implique que les acheteurs sont exigeants et que tout est mis en œuvre pour préserver les marchandises en bon état et en tirer le meilleur prix.

            Si les forçats sont mis en vente en lot, clairement comme du bétail, les esclaves femelles sont vendues le plus souvent à l’unité. On vend toujours aux enchères, et on fait ses offres toujours devant le produit. Le plus grand marché d’esclaves est le Marché aux Cages d’Armanth, qui peut accueillir jusqu’à 50 000 esclaves dans son enceinte et dispose de pas moins de 100 estrades de ventes, ainsi que d’un luxueux hall des enchères, le Celendiaterio, où dans une ambiance festive agrémentée de serviteurs et de musiciens, sont mises en vente parmi les plus chères filles de Loss, sorties des Jardins des Esclaves d’Armanth et de tout le sud des Mers de la Séparation.

            De manière coutumière, les esclaves mis en vente sont sommairement vêtus, mais les plus chères filles des plaisirs seront offertes au regard concupiscent des acheteurs seulement parés de quelques bijoux. Le vendeur, qui peut être l’esclavagiste, mais aussi un commissaire-priseur, détaille les qualités et l’éducation de l’esclave et s’arrange pour faire grimper les enchères en faisant s’exposer la fille mise en vente. C’est souvent d’ailleurs un bon test pour le futur acheteur pour vérifier si celle-ci a été convenablement éduquée : plus elle l’aura été, plus elle se prêtera de bonne grâce à cette contrainte. Il n’est cependant pas rare que des esclaves exposés sur les estrades se rebiffent ou renâclent à l’exercice, certaines le faisant à dessein ; elles ont ainsi quelques chances de pouvoir l’attention d’un acheteur plutôt qu’un autre, et toutes savent que leur sort dépend à cet instant de qui deviendra leur nouveau propriétaire. Les incidents sont cependant rares sur les estrades les plus luxueuses, où les esclaves mises en vente ont accepté leur sort. C’est plus courant quand sont vendus des captifs non dressés et matés, qui sont alors souvent entravés pour éviter un accident.

            Enfin, certaines ventes se font en privé ; si un esclavagiste a besoin pour lustrer son blason et forger sa réputation de mettre en vente des esclaves en louant une place dans les estrades d’enchères publiques, les clients les plus riches se déplacent directement dans les Jardins des Esclaves pour prendre le temps de choisir tout à loisir leur future acquisition. La négociation est alors privée. Mais la Guilde des Marchands exige qu’un certain nombre d’esclaves soient mises en vente publiquement, et un esclavagiste peut très bien perdre sa licence et se retrouver alors avec de gros ennuis, s’il n’en fournit pas le quota qu’on lui demande. Cette exigence de la part de la Guilde est motivée par les taxes qu’elle retire de ces ventes, et les bénéfices de la location des places d’estrades et des commissaires-priseurs.

            En général, le prix d’une esclave dressée et éduquée sommairement varie de 200 à 1000 andris d’argent, en fonction de son âge et de sa beauté. Ce qui représente dans le cas le moins onéreux environ le prix de dix chevaux. Une captive sans dressage vaut communément 50 andris d’argent. Quand aux esclaves des plaisirs passées par le Haut-Art puis éduquées avec soin, elles s’échangent environ à 500 andris d’or, mais leur prix peut parfois s’élever à plus de dix fois cette somme.

5- Les esclaves Chanteuses de Loss

            Parmi les esclaves lossyans, les Chanteuses de Loss sont un cas à part. Pour rappel, pratiquement partout, toute personne rousse est systématiquement asservie ou tuée, pour prévenir le risque de laisser en liberté un Chanteur de Loss.

            Le Haut-Art est systématiquement utilisé avec soin sur toute femme suspectée ou confirmée être Chanteuse de Loss. La rareté des rousses, et l’immense rareté des Chanteuses de Loss en font donc les esclaves les plus chers et les plus recherchés. On n’essaye pratiquement jamais d’asservir un Chanteur de loss, l’Église insiste bien sur le devoir de les traquer et de les exterminer.

            Les esclaves Chanteuses de Loss sont éduqués et entrainées à contrôler le Chant par d’autres esclaves Chanteuses, et souvent éducatrices spécialisées sous la supervision attentive d’esclavagistes eux aussi versés dans cette formation ardue et risquée. Les accidents mortels sont cependant relativement rares. La formation est longue, pénible et particulièrement sévère, pour faire de ces Chanteuses des esclaves de distraction aptes à maitriser le Chant des Illusions, qui permet de projeter en hologrammes des illusions et des fantasmagories virtuelles évoluant au gré de la voix de l’esclave ; ou encore des gardes du corps dont le Chant d’Ether peut freiner, voir arrêter n’importe quel assaut ou projectile.

            Il y a très peu d’esclaves Chanteuses de Loss. À Armanth, cité de deux millions d’habitants, elles ne sont guère plus d’une cinquantaine environ. Celles-ci sont donc particulièrement précieuses et d’autant plus choyées ; le prestige d’un homme qui possède une esclave Chanteuse est énorme et sa possession fait alors partie de ses trésors les plus précieux. Il est inutile de parler de prix, bien entendu. Tout le monde envie celui qui possède une Chanteuse de Loss, et certains propriétaires le cachent soigneusement. En général, c’est l’Église qui possède le plus grand nombre de Chanteuses : elle exige régulièrement un tribut de personnes rousses, et de Chanteurs avérés, qui sont à priori sacrifiés au Concile, bien que personne ne sache réellement ce qui en est fait. Vu que certaines légions peuvent utiliser des Chanteuses comme terribles armes vivantes, il est probable que l’Église les conserve et les emploie le plus souvent dans ce sens.

            À noter que vu leur grande rareté, il existe quelques élevages d’esclaves rousses, malgré le fait que l’idée d’élever un cheptel d’esclaves n’est vraiment pas commune sur Loss. L’un des élevages les plus connus était celui de la Maison Tuna, une ex-grande famille marchande d’Armanth.

6- Les Languiren

            Enfin, après les Chanteuses de Loss, les esclaves les plus recherchées et les plus rares sont les Languiren, des esclaves des plaisirs conditionnés à ne pouvoir résister à la moindre sollicitation érotique et se laisser submerger par les sens et le plaisir, y compris dans la douleur. Les Languiren sont toutes des esclaves des plaisirs ayant subi le Haut-Art de main de maître, et bien entendu destinés aux jeux sexuels, y compris les plus rudes et pervers.

            Le Languori ne peut s’apprendre que de Languiren à Languiren. On ne sait pas très bien comment il est apparu, mais il est considéré que certaines personnes naissent naturellement Languiren, et que cet art particulier s’est donc perpétué de cette manière. La formation d’une Languiren -là encore, il est très rare d’user de cette technique de dressage sur un esclave mâle- est un conditionnement physique qui s’apparente clairement à une forme de torture particulièrement perverse, pénible et difficile à endurer.

            Pour résumer, c’est un mélange d’isolation sensorielle, de drogues hallucinogènes, et de stimulations savantes entre douleur et plaisir, en imprégnant le sujet choisi d’odeurs masculines pendant tout le Languori. Le but final de cette épreuve, qui ne sera atteint qu’au bout de deux semaines en moyenne, parfois plus, est que l’esclave ne puisse ni ne souhaite contrôler son instinct et ses sens en présence d’un homme et cède à sa sensualité dès la moindre sollicitation. Une Languiren frémit et frissonne érotisée à la moindre caresse et est presque incapable de résister au désir. Son degré de dépendance, de docilité et d’asservissement est souvent sans commune mesure avec toute autre esclave formée même par le Haut-Art.

            Les Languiren sont souvent ravageusement érotiques de féminité exacerbée et animale et selon leur formation par la suite, elles usent de leur séduction plus qu’aucune autre esclave ne pourrait y parvenir, tant elles sont à la fois affranchies du moindre frein moral de ce point de vue, et dépendantes du besoin de ressentir et trouver du plaisir. Certaines Languiren ne peuvent plus se satisfaire de ce besoin autrement qu’à travers la douleur ou l’humiliation d’être utilisées comme des jouets sexuels sans aucuns tabou et presque aucunes limites. Cela devient une drogue, une nécessité aussi impérieuse que la faim, mais bien plus difficile à satisfaire. Parfois, chez certaines, le Languori a laissé de telles séquelles qu’elles ne pourront jamais vraiment être assouvies.

            La sensualité prodigieuse des Languiren et leur capacité à prendre plaisir à pratiquement tous les jeux sexuels, y compris les plus rudes, les plus pervers et douloureux, est un sujet de fascination pour beaucoup de lossyans. Il est de notoriété publique qu’une Languiren délaissée ou insatisfaite peut dépérir très vite, ou commettre les pires bêtises et se livrer à n’importe qui pour trouver le moyen d’assouvir ses besoins et calmer ce qui s’apparente chez elles à une faim dévorante et constante.

            Un Languori coûte cher. Le simple prix des drogues vaut le prix de trois ou quatre esclaves, mais le prix des soins et de l’entretien du sujet conditionné représente lui aussi une petite fortune. C’est pour cela que par la suite, la Languiren est éduquée avec un raffinement particulièrement poussé à tous les arts et plaisirs. Et chaque Languiren mise aux enchères est l’occasion d’un véritable événement, souvent annoncé des semaines par avance.

            Mais surtout, leur rareté est due au taux d’échec du Languori. Un sujet sur trois environ -les lossyans sont nombreux à croire à la rumeur que c’est un sur deux- n’y résiste pas : soit l’esclave meurt, soit son esprit s’effondre complètement, ce qui revient au même. Il est difficile de savoir qui pourra l’endurer et qui peut être apte à devenir Languiren. C’est le plus souvent une Languiren qui saura reconnaitre le potentiel de conditionnement chez une esclave, mais certains signes, comme une sensibilité physique remarquable, une puissante féminité ou des signes notoires de masochisme, permettent d’estimer si une candidate peut le devenir, et certains esclavagistes savent donc repérer ces signes, et juger si le risque peut être raisonnablement pris. Le jeu en vaut la chandelle.

            Il existerait, toujours selon la rumeur, un signe physique qui permets de reconnaître une languiren-née. Bien des rumeurs circulent, au sujet de taches de naissance ou de reflet particulier dans la couleur de l’iris. Mais dans les faits, personne, pas même les spécialistes n’est sûr de cette information, et ne peut certifier qu’il existe bien un stigmate physique qui permets de les identifier. La rareté des languiren, qu’elles soient nées ainsi, ou aient été conditionnées, est telle qu’il est impossible de les étudier. Il n’y en a pas plus d’une centaine à Armanth, par exemple.

            Une Languiren est mise aux enchères à 3000 à 4000 andris d’or en général, et peut se vendre à trois ou quatre fois ce prix, parfois bien plus.

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8 réflexions sur “L’esclavagisme et le Haut-Art

  • editionsstellamaris

    C’est passionnant, Axelle, je suis complètement immergé dans ton monde ! Bises !

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    • Merci !!! j’ai eu un peu de mal à l’écrire, cet article.. pas pour le contenu, mais parce que la migraine, ca n’aide pas à bien écrire.

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      • editionsstellamaris

        Ce que je suis curieux de voir, même si c’est pour plus tard, c’est comment tu simuleras en jeu de rôles l’emprise du haut-art sur les personnages…

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  • Je n’y ai pas songé encore. Je n’ai guère imaginé que des joueurs souhaitent jouer des esclaves, surtout de ce type, mais il faudra y penser, sans doutes, oui.

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    • editionsstellamaris

      Ah oui, je veux, ça peut être génial ! Bises !

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      • Je vais y penser, je vois déjà comment avec le système de Loss JDR, ce ne sera pas bien difficile… par contre, celui qui veut interpréter un tel rôle, c’est moins facile, de suite 😛

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        • editionsstellamaris

          C’est bien évidemment à jouer dans le cadre d’une campagne, des personnages comme Lisa, ils commencent sur Terre, ils arrivent sur Loss et se font asservir… Mais ce n’est que le début ! Bises !

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